Au côté des cafés-Auroville et des rencontres auroviliennes sur plusieurs jours, AVIF a organisé ce printemps un atelier d’écriture. Le 17 avril dernier quelques adhérents y ont participé. Il était animé par Florence Guichard, écrivaine, animatrice d’ateliers d’écriture, coach, auteure. Le thème proposé : « le Miracle. » Florence, membre d’AVIF depuis longtemps est une nomade des terres et des mers. En 2015, elle a créé un festival de littérature francophone « Aurolire » avec le Pavillon de France à Auroville et a publié un livre de méthodologie d’écriture créative.
Un texte de Christof Pitoëff poète et écrivain, ayant vécu à l’ashram de Sri Aurobindo, (voir l’interview de Jean-Paul Sermadiras) a accompagné cet atelier, « Consentir au Miracle ». Il a servi de support à chacun pour donner libre court à son imagination, grâce à des consignes plus ou moins exigeantes. Le temps de lecture des écrits a été un fort moment de partage.
Voici ci-après quatre textes obéissant à la consigne suivante : Titre « Consentir au miracle ». Débuter les phrases par les verbes suivants : accueillir, laisser partir, retrouver, goûter, faire, s’approcher, donner, admettre, risquer, prédire, marcher, regarder, à la vie dire, consentir au miracle. Puis « Si un miracle pouvait survenir demain, je voudrais que … »
Premier texte :
Consentir au miracle
Accueillir le jour présent
Laisser partir le temps réel
Se retrouver dans une lumière intemporelle
Goûter cet instant, ce nectar, ce rien à faire naturel
S’approcher, regarder, risquer un œil
Admettre l’inconnu, rêver l’imprévisible
Dire merci à la vie
Consentir au miracle
Et si un miracle pouvait survenir demain, je voudrais que …
Si un miracle pouvait arriver demain je voudrais qu’il s’annonce, qu’il me prévienne à
l’avance, que je me sente libre de tout lâcher pour l’observer.
Bien sûr, des miracles il y en a tout le temps, mais quel bonheur d’apprendre que
demain je le verrai !
Maintenant, c’est compliqué … parce qu’il doit survenir devant moi. Je crois que le
plus simple est que je le crée, tout simplement !
J’en éprouve une vraie joie.
Le voilà le miracle !
Michel
Second texte :
Consentir au miracle
Accueillir
Les mystères du Vivant, la musique du géranium, l’intelligence du poulpe, la
compassion du dauphin
Laisser partir
La tristesse, la nostalgie, le jugement, les colères, la jalousie, toutes les peurs
Retrouver
L’enfant, l’innocence, le fou-rire, les galipettes, les roudoudous, la balançoire, la balle
au prisonnier et saute moutons.
Goûter
Le calme du soir entre chiens et loups
L’aube sur la mer d’un bateau de pêche
La danse lente des derviches tourneurs
Faire
Un jardin
Un livre
Une escapade en forêt
Un enfant
S’approcher
Du vide sur un sentier de crête des Himalayas
D’un homme que je crains d’aimer
Du gouffre pour sans peur y plonger
Donner
Ma joie
Ma vitalité
Mon sens de l’aventure
La quintessence de mes expériences
Admettre
L’âge
De s’arrêter
De ralentir
De contempler
Risquer
De finir seule ?
D’aimer
De pardonner
De se réconcilier avec ma lignée ?
Prédire
Les sept années qui viennent de 77 à 84 ans
Le basculement de tout ce que j’ai connu
L’effacement des êtres aimés
Marcher
Le long du canal à Josselin
Sur les sentiers douaniers du Cotentin
Le long de la Seine à Paris, un dimanche d’hiver
Regarder
Les visages aimés
Mes trois bols tibétains, magiques
Une pluie de pétales de magnolias où s’amusent des enfants
A la VIE dire
Merci
Encore
Toujours
Consentir au miracle
De tout le Vivant
De nos origines
De l’incarnation
Si un miracle pouvait arriver demain, je voudrais que…
Tous les pionniers, aventuriers, corsaires téméraires de la Vie, explorateurs anonymes des
chemins de traverse, du hors piste, du jamais vu, jamais connu, puissent un jour être
reconnus et célébrés :
Pour leur courage, leur audace, leur intrépidité physique, leur esprit visionnaire
Pour leur abnégation, leur âmes solitaire, sauvage et intègre
Pour leur ténacité quoiqu’il en coûte, leur esprit de résistance à tous les dogmes, poncifs,
qu’en dira t’on, fake news, mensonges des proches… et d’Etat.
Et que ce soient leurs noms qu’on découvre gravés sur une stèle, et enfin… DE LEUR
VIVANT.
Michèle
Troisième texte :
Consentir au miracle
Accueillir avec joie le matin qui se lève,
Laisser partir le jour à la tombée de la nuit,
Retrouver les siens au cœur de l’âtre,
Goûter les moments de plénitude dans une intensité renouvelée,
Faire, est-ce si important quand l’être s’impose dans le silence,
S’approcher du merveilleux, une fleur qui s’épanouit,
Donner aux autres un grand sourire de bienveillance,
Admettre que l’on ignore tout de l’avenir, pas la peine de se projeter
Risquer, c’est le sel de la vie et se conjugue avec apprendre de ses erreurs.
Prédire n’a aucun intérêt, sauf celui de se tromper, voir la rubrique admettre
Marcher, il n’y a que cela qui tienne, c’est une attitude qui conjugue la curiosité et
l’introspection. Je vois ce que je suis, je suis ce que je vois. Paysage extérieur et intérieur
en communion.
Regarder avec esprit les choses qui se présentent à soi. Regarder, communier avec le
chant des feuilles sur l’arbre qui m’abrite un soir de pluie, regarder avec émotion le petit
enfant qui bat des mains pour saisir les gouttes d’eau, regarder la vie jusqu’à en mourir,
se fondre dans l’infini d’un ciel étoilé. Vivre l’espace d’un instant, la sensation d’une
éternité qui s’étire. Être dans une écoute du cœur, dans l’émerveillement.
À la vie dire, merci pour les cadeaux, merci au soleil qui se lève tous les jours, au
printemps, qui réjouit le cœur des enfants et des parents. Consentir au miracle, c’est un
peu vivre dans la grâce.
Si un miracle pouvait survenir demain, je voudrais que …
Les télescopes du désert d’Atacama avaient remarqué la présence d’étranges signaux qui
se rapprochaient de la terre. Les scientifiques avaient capté des ondes radio et
s’étonnaient de la présence de grains de poussière étonnamment brillants. Ils semblaient
venir du fond du cosmos et leur vitesse d’approche les rendait perceptibles très
rapidement.
Soudain, un poudroiement magique répandit partout sur notre planète ces grains de
lumière. Et ce qui s’en suivit fut absolument magique. Les terriens, enfermés depuis leur
origine dans des conflits se mirent à s’écouter. Ce n’était jamais arrivé, l’entraide et la
collaboration entre nations devinrent évidentes. C’était survenu dans un moment de
profond désarroi. L’humanité était au bord du gouffre.
Chacun avec bonne volonté s’attachait à une tâche. Elles étaient nombreuses, de la
restauration de la nature à l’aide aux plus démunis. Un miracle que personne n’attendait
et dont on ignore encore l’origine.
Nadia
Quatrième texte :
Consentir au miracle
J’accueille ma résistance à accueillir ce qui est difficile à accueillir,
Je laisse partir les instants douloureux et les instants heureux,
Je retrouve alors ma liberté et ma légèreté
Je goûte l’instant dans le silence qui l’entoure,
Je fais comme les enfants, surprise et enchantée par l’imprévisible
Je m’approche de l’autre,
Je peux donner et recevoir de l’autre,
J’admets notre différence et m’enrichis de cette différence,
Je risque des vrais oui et des vrais non,
Je prédis que notre relation va s’en trouver renforcée,
Je marche avec confiance,
Je regarde d’un œil neuf ce monde qui m’entoure,
Je dis à la Vie emmène-moi où bon te semble,
Je consens au miracle.
Si un miracle pouvait arriver demain je voudrais
avoir l’innocence et la confiance de l’enfant,
danser et rire toute la nuit,
dormir comme un bébé,
dire tu m’emmerdes et je t’aime,
avoir les pieds sur la terre et la tête dans les étoiles.
Marie
