Le don fait en toute liberté et dans la joie devient taxe obligatoire. Le travail choisi en toute liberté et dans la joie se transforme en job rémunéré. La collaboration nécessaire entre Auroviliens et représentants officiels devient imposition assortie de menaces diverses et variées. La croissance et le progrès sont mesurés par le tonnage de béton déversé sur les terres d’Auroville. Les services sont poussés à devenir entreprises à but lucratif. Le rayonnement naturel d’Auroville se transforme en attraction touristique. Les terres sacrées deviennent des jetons de grande valeur utilisés dans des jeux financiers opaques.
L’effort des Auroviliens pour graduellement développer leur conscience à travers un travail matériel est méprisé, incompris et, à la place, on préconise une attitude religieuse, totalement superficielle mais qui présente bien dans les différentes salles de conférence où l’on invite force journalistes.
Les indications de Mère à propos d’Auroville se métamorphosent en injonctions autoritaires et dogmatiques.
Voilà ce que nous entendons par un Auroville déformé. Loin de nous, certes, l’idée que nous n’apportons pas chacun notre dose personnelle de déformation au projet de Mère. Nous en sommes bien conscients. Mais aujourd’hui c’est un système entier qui s’acharne à cette distorsion.
Cela dit, et c’est le miracle d’Auroville, une certaine beauté, une certaine magie d’Auroville subsiste, intacte, émouvante, fragile, sans doute émouvante parce que fragile, et nous voulions aussi dans ce numéro en présenter quelques aperçus.
Editorial
de la dernière parution
de la Revue d’Auroville, n°63
Commentaires récents