AVIF ( Auroville International France) dont le siège est à Paris, est constitué d’un réseau d’antennes régionales qui sont autant de relais d’informations et de rencontres : Normandie, Pyrénées- Orientales, Lozère, Ardèche, Vaucluse et bientôt Alpes de Hautes- Provence.
Les Vans, Chambonas, Ponges et nous arrivons au détour d’un virage à droite sur la petite route du hameau des Bancs. Un paysage magnifique et sauvage se dévoile à nos yeux incrédules.
Apparait au bout du chemin, une vieille ferme avec un donjon. Nous pénétrons dans cette bâtisse du 17ème siècle à plusieurs niveaux avec, ce que nous avons perçu dans un premier temps, une sorte de grand puits, qui s’avère être une belle cour carrée en profondeur. Une immense pièce commune s’offre à nous, précédant de grandes salles voutées avec leurs pierres originelles apparentes. « Gratitude, Aspiration,.. » sont les noms des salles de méditation, de séminaires, de réunions et de projection, propices à l’exploration de la joie de partager et d’élaborer. A cela s’ajoutent une vue imprenable et des jardins parsemés d’arbres fruitiers. Nous sommes chez nos hôtes Rozen et Thierry Durand.
Thierry a séjourné à Auroville durant un an et y a animé des groupes de réflexion et d’échanges entre hommes, à base de Communication Non Violente et de développement spirituel afin de faciliter les relations entre les êtres.
Bienvenue en Ardèche pour notre nouvelle rencontre Auroville Sud/AIF Provence « en mouvement ».
Grâce à ce bel accueil, nous nous sentons dans la Vibration et dans la Vie !
L’histoire de notre groupe
AIF Provence existe depuis 2016, à l’initiative de Jean et de Monique, afin de rassembler celles et ceux qui ont séjourné à Auroville ou qui ont simplement entendu parler de Sri Aurobindo et de Mère ou lu les Agendas, les livres de Satprem et les œuvres de Sri Aurobindo. Ainsi les personnes présentes pratiquent-elles l’ATB (Awareness Through the Body), la méditation, certaines sont spécialistes de massages, d’autres psychologues et formateurs…Tous sont en recherche.
Le groupe s’est constitué doucement grâce à des rencontres dominicales à Avignon, sur un mode informel. Puis la communauté s’est sentie assez stable pour s’élargir et se diversifier. Ce fut un temps de rencontres au théâtre de l’Etincelle à Avignon, avec la conférence Sri Aurobindo le rebelle et le sage, de Luc Venet, ou encore des interventions de personnes proposant des bains sonores, des méditations, voire leur expérience de travail sur les cellules et sur le Yoga. Une nouvelle étape s’est présentée sous la forme de rencontres avec Perpignan, un autre sud, et plus encore avec le Festival de Ventalon, dans les Cévennes.
Nous en sommes là lorsque nous nous rendons en Ardèche.
Nous souhaitions cette rencontre afin de réfléchir ensemble sur le Groupe et l’Individu, thème ambitieux mais d’une actualité brûlante : « Le Collectif et l’Individuel au service du Collectif ».
Aussi Rozen et Thierry proposent deux questions :
Comment communiquer sur Auroville dans les antennes
et à travers elles ?
Nous abordons la réflexion après un temps de méditation. Le groupe a l’habitude de pratiquer la communication à l’aide des 6 principes de l’intelligence collective, afin d’échanger sereinement et en conscience.
Le débat nous conduit, tout d’abord, à poser un cadre : faire la différence entre partage et mission pour ne pas verser dans le prosélytisme. Nous prenons conscience de la difficulté d’évoquer Auroville. Nous ne pouvons parler d’Auroville qu’à travers nos expériences de vécus personnels, donc subjectifs.
Par contre nous évoquons tous l’immense vibration tellurique de ce lieu dans le sud de l’Inde. Et si notre groupe pouvait aussi répondre par une vibration d’amour et de compassion de notre collectif ? La période difficile vécue actuellement à Auroville
interroge sur la frontière entre ce qu’il s’y passe et ce qu’il advient dans le Monde. Le fait de se réunir ici est-il un moyen d’aider Auroville ? Les « antennes », que l’on pourrait aussi nommer « satellites », devraient être un relais, aussi bien en France que dans le Monde. Nous sommes en lien avec Auroville et nous sommes un écho de ce que vivent les auroviliens. Les antennes ont peut-être aussi à communiquer entre elles et à se nourrir les unes des autres. Comment participer à la réalisation de l’ « Unité » ?
Comment être un contact « facilitateur » ?
Attitudes, postures, actions…entre Auroville
et l’environnement local où je vis ?
Qu’est-ce qu’un facilitateur ? Nous avons évoqué « la bonne volonté », l’expression que Mère utilise pour proposer de participer à l’expérience d’Auroville. Nous aspirons à être engagés dans le passage de la transformation. Mais nous avons encore tellement de difficultés ! Le groupe s’est interrogé à nouveau sur la porosité entre Auroville et le Monde. Notre réflexion se porte sur toutes les réalisations existantes : les éco-villages, l’Ecole du Vivant à Sisteron (cf le livre de Alain Damasio « La Vallée du Silicium »)…
Et si nous tendions vers une attitude transversale ?
Le groupe se pose alors la question de comment faire vivre Auroville dans notre vie de tous les jours. Quelles actions mettre en œuvre pour porter les valeurs d’Auroville ? Nous faisons à nouveau ressortir l’importance du Collectif : chaque groupe pourrait être une tentative d’exemplarité qui ainsi pourrait propager une énergie pour intégrer le mouvement vers le changement.
Nous ne sommes pas dissociés et formons un grand tout : il s’agit donc de faire de la mise en commun, sachant que l’énergie d’Auroville est là, sans que l’on s’en rende compte. Nous sommes tous interdépendants et reliés. Quand verrons-nous enfin ces
liens de façon consciente ? Chacun bénéficie de ce que le groupe apporte et chacun nourrit le groupe. C’est une énergie de mouvement qui vient de l’intérieur de nous et non de l’extérieur.
Travailler en collectif sur des projets semble s’imposer à nous tous.
Jean nous a proposé de soutenir notre pensée grâce aux « 3 stades de développement groupal » connus des coachs et psychologues :
Le premier temps est celui de la collection d’Individus, chacun fonctionnant sur lui-même et sans engagement avec les autres. C’est un mode de pensée linéaire et limité qui entraine des situations de compétition, soutenues par l’expression de tous nos comportements mentaux perturbateurs.
Le second temps est celui du groupe institué par une structure extérieure. Le mode de pensée est plus relationnel. La personne s’identifie aux valeurs de ce groupe. Celui qui y adhère est plus sensible au fait d’appartenir à ce groupe qu’à développer ses propres valeurs. Le risque à ce stade est de se refermer sur le groupe et de n’avoir l’impression de n’exister que par lui. C’est l’illusion groupale. Le groupe peut donner l’illusion de tout apporter.
Le troisième est celui du groupe constitué. Le mode de pensée est holistique et l’intégration se fait en chaque individu. Les personnes partagent le même sens et la même vision. Les valeurs privilégiées sont la cohérence, le lien et la conscience.
L’identification de la personne se fait à la société dans son ensemble, à son écologie et au partenariat, sans avoir à renoncer à son identité. L’idée majeure devient celle d’une interdépendance consciente. L’exemplarité devient le moyen de multiplier les interactions. La somme des interactions est largement supérieure à celle des individus.
Nous retrouvons ainsi la bonne volonté nécessaire à la cohérence groupale et à la transformation.
En conclusion, notre réflexion sur l’individu et la collectivité s’est portée dans un premier temps sur la meilleure façon d’aider Auroville en étant une antenne dans le reste du monde. Nous avons utilisé les notions de bonne volonté, d’absence de prosélytisme, de porosité. Nous avons ensuite élargi notre champ de pensée avec l’idée que ce que nous faisons ici s’effectue en interaction et en vibration avec Auroville. De plus en plus de lieux développent de nouvelles formes de solidarité et de sociabilité en lien avec la nature. Ils expérimentent cette conscience collective et holistique. Ainsi toute rencontre qui se déroule avec conscience, même en tâtonnant, peut devenir un exemple qui se propage sur le chemin de l’évolution.
Dans une grande respiration fraternelle, nous avons effectué, sous la houlette de la maîtresse des lieux, Rozen, un joli rituel final en lisant le texte de Pitchandikulam, Terre , pour illustrer le collectif. Enfin, nous avons mélangé dans un grand bocal, avec beaucoup de recueillement et d’émotion, les terres de nos lieux d’habitation, en énonçant chacun notre plus belle intention : Beauté, Tranquillité, Aspiration, Amour…
Et nous sommes tombés dans les bras les uns des autres, heureux comme des enfants libres.
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